lundi 19 avril 2010

ACT I


Notre société tombe en déliquescence? Tous les esprits éveillés s’accordent au moins, que nous éprouvons collectivement cette impression du chaos et de l’universel désordre. Nos intellectuels, et autres pseudo intellectuels dans un effort, consciemment et inconsciemment complaisant se mettent à nous analyser les phases et les transitions que nous traversons,se distinguant les uns des autres par l’étendue du discours perfide qu’ils prêchent. Les plus pessimistes se confinent dans le la fatalité et nous disent qu’en réalité la mort est aussi un grand débat que la vie. L’agonie est un combat comme la naissance. La décomposition de l’être est aussi compliquée que sa formation. Et à la fin, en guise de conclusion, ils nous offrent un tableau qui représente une étendue déserte sans horizon, sur laquelle sont plantées des centaines d’épitaphes, le décor morbide par excellence. Certains d’entre eux, pour ne pas paraître désuets versent dans le bavardage, nous inondent de phrases captivantes, et dans leur bavardage tentent de nous expliquer les raisons de la décomposition. Ils prennent du plaisir à explorer l’origine première des maladies qui lentement, mais sûrement, usent, dégradent et ruinent peu à peu l’organisme. Ils réfutent la théorie de la fin subite, et inéluctable, et ils nous expliquent les énormes élaborations qu’il faut opérer pour faire ce qu’on appelle une catastrophe soudaine. Dans la société, confédération des hommes, comme l’être humain est une confédération de tissus, les débuts du mal sont toujours lointains.

Le cadavre social est naturellement plus récalcitrant et moins aisé à enterrer que le cadavre humain. Le cadavre humain va pourrir seul au ventre du cercueil, image régressive de la gestation, le cadavre social continue à marcher sans qu’on s’aperçoive qu’il est cadavre, jusqu’au jour où le plus petit heur brise cette survivance factice et montre la cendre au lieu du sang.

Ils nous disent que depuis que le monde est monde les sociétés se font et se défont mais elles ne meurent point toutes de la même façon

C’est le genre de discours qui nous apaisent car il ne s’agit pas pour nous de dire comme Goeth : «Pour moi, le plus grand supplice serait d'être seul en paradis. » mais de dire que le plus grand réconfort c’est de savoir que nous sommes toujours accompagnés en enfer.

Nous autres individus, sans nous, le maillage social n'a aucun sens, éprouvons nous cette impression ? Pâtissons nous de cet effritement dont l’éminence a été de tout temps annoncée? Je ne peux aborder ce contour sans me soucier sur quelle base je vais construire ma perception. Je n’ai nullement besoin de me déclarer adepte de tel ou tel courant philosophique, encore moins religieux !!! Nonobstant mon savoir dérisoire, je crois, sans prétention aucune, que le citoyen algérien, n’assiste pas mais contribue avec Outrecuidance dans ce effondrement. L’obsession est nativement collective, ostentatoire mais surtout vaniteuse. Les ingrédients abjects pour finir dans l’apothéose théatrale. Mais finir quoi ?

A suivre….

Nasreddine SAYAD

2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. a défaut de sites intéressants je vous propose des maximes :

    La ou on brule des livres, on finit par bruler des hommes.
    (Heinrich Heine )
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    I and public know
    What all schoolchildren learn,
    Those to whom evil is done
    Do evil in return
    (W. H. Auden)
    -----------------------
    Rien n’est si dangereux qu’un ami sot, mieux vaut un sage ennemi mais qui a de sage ennemi
    (Jean de fontaine)

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